Le Manifeste de la Cé

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Trop de problèmes dans notre société durent depuis tant d’années qu’ils ne suscitent même plus l’indignation d’une grande partie des gens. Ils persistent et se banalisent comme si le niveau d’exigence pour la société que nous voulons était en chute libre. Ça n’est pas notre cas !

Beaucoup de choses nous révoltent. Pourtant nous croyons que les choses peuvent aller mieux demain. Et pour cela nous sommes déterminés à agir ici et maintenant !

Et nous n’avons pas attendu aujourd’hui pour le faire. Déjà en mai 2002 nous avons su démentir l’idée que les jeunes étaient désengagés. Nous étions dans la rue et aux urnes contre la présence d’un candidat d’extrême droite au deuxième tour de l’élection présidentielle. C’était une première secousse qui nous a rappelé à notre histoire, à une de ses périodes les plus sombres, avec le « plus jamais ça » qu’il a fallu à nouveau brandir.

Nous, on vote car ne pas utiliser son droit de vote c’est prendre le risque de le voir dévoyé. On débat, on s’engage, on prend des initiatives, on se mobilise.

Nous avons envie de participer aux changements dont l’école a besoin comme l’ont témoignées les mobilisations lycéennes massives lorsque les réformes proposées ne répondaient pas à notre ambition d’une réussite pour tous. Nous la solidarité ça nous parle et nous sommes nombreux à nous engager dans des actions solidaires à l’échelle locale ou internationale dans des associations humanitaires ou de soutien scolaire dans les quartiers en difficulté, ou encore de promotion du commerce équitable. Le résultat du référendum de mai 2005 a été une nouvelle secousse. Nous sommes européens, l’Europe c’est notre héritage et notre avenir car nous croyons à cette perspective de vie en commun dans la paix, la démocratie et la prospérité pour un demi milliard d’êtres humains. Nous n’allons pas nous résoudre à accepter que la Pologne soit désormais célèbre pour les Français « grâce » à son « plombier fantôme ». Ce symbole de la surenchère nationaliste qui s’est exprimée lors de cette campagne référendaire s’oppose à notre exigence de solidarité, d’ouverture à l’étranger. De telles pratiques contribuent à renforcer les logiques individualistes et corporatistes à l’opposé de la solidarité et de l’intérêt général. C’est la perspective du vivre ensemble qui a pris du plomb dans l’aile lors de cette campagne, tant les discours des uns contre les autres se sont banalisés dans les arguments de campagne.

Nous croyons à la Politique.

Nous aimerions croire les hommes qui ont la charge de la faire vivre mais beaucoup de choses sont là pour nous en dissuader :
- une incapacité à tracer des perspectives d’avenir de long terme et une obsession pour l’échéance électorale à venir,
- une tendance maladive à démentir dans l’exercice du pouvoir les discours tenus dans l’opposition
- une incapacité à régler les problèmes majeurs que sont le chômage et la crise du logement.
Tout cela contribue à nourrir une désillusion d’autant plus forte que nous voulons croire que l’action est capable de rendre le quotidien plus vivable et progressivement de réaliser nos espoirs.

Il n’est pas acceptable que l’horizon citoyen de notre génération soit la crainte de vivre un mois de mai 2007 aussi funeste que celui d’avril 2002.

Les responsables politiques ne sont pas les seuls en cause. La société civile et les institutions ont aussi leur part de responsabilité. Que penser de ceux qui réalisent ce tour de force permanent qui consiste à bloquer toute tentative de réforme, alors qu’ils cogèrent le système tout en le dénonçant ? Dans le milieu étudiant par exemple c’est le cas de l’Unef, qui est incapable depuis plus de 20 ans de faire évoluer les difficultés qu’elle ne cesse de dénoncer, alors qu’elle est majoritaire dans les instances de décisions. Elle n’a rien changé à l’ordre des choses depuis toutes ces années et pourtant à chaque élection elle se comporte comme si elle n’était responsable de rien. En plus ils veulent nous faire croire qu’il n’y a rien à faire de plus ou de différent de ce qu’ils font eux-mêmes. Nous sommes jeunes et nous en avons marre de tous ceux qui passent leur temps à nous vendre du malaise au kilo, de tous ceux qui renforcent ainsi les impuissances au lieu de les combattre.

Ces constats accablants ne nous conduisent pas à la résignation. Bien au contraire ! Nous ne sommes pas prostrés dans l’attente de l’homme providentiel, nous ne vivons pas dans l’attente exaltée d’un « grand soir » au nom duquel le présent est toujours sacrifié.

Nous combattons le repli sur soi, l’ignorance, la peur de l’autre qui s’installe, l’utilisation des malaises par les extrêmes. Nous nous engageons, nous nous mobilisons, nous voulons prendre notre place en toute liberté.

Cette liberté c’est d’abord pour chacun de pouvoir rester fidèle à ce qu’il est tout en apportant sa pierre à l’édifice.

Cette liberté c’est aussi refuser d’être catalogués, d’être stigmatisés. A écouter certains se lamenter, nous ne serions qu’une génération de consommateurs passifs ! On est capables de regarder TF1 sans courir ensuite acheter notre dose de la nouvelle marque de boisson gazeuse qui passait à la pub. On ne se complait pas dans la dépendance et on refuse de se soumettre à ces carcans qui ne nous correspondent pas. Qu’on ne vienne pas nous faire le coup des discours-compassion, des discours plaintifs : nous n’avons pas vocation à être une « génération sacrifiée ».

Vivre libre c’est aussi écarter durablement les extrêmes qui sont un frein à la reconquête de la démocratie. L’Histoire nous a appris qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Nous avons aussi récemment éprouvé que l’histoire, si elle ne se répète jamais, elle a la fâcheuse tendance à balbutier.

Vivre libre c’est pouvoir faire des choix, c’est les assumer, les défendre, en particulier quand ils mettent en question notre avenir. Contrairement à nos parents nous n’avons plus la garantie que nous vivrons mieux demain. Il n’est pas question pour nous d’accepter passivement l’avenir qui semble se dessiner pour nous : chômage structurel, crise du logement, dettes des systèmes sociaux, réchauffement de la planète, terrorisme... Si nous ne faisons rien pour changer les choses, quelles sont les perspectives de long terme pour notre génération ?

Vivre libre, c’est rester vigilant, c’est refuser de céder à la facilité et aux explications simplistes. Nous avons la passion de découvrir, d’apprendre et de comprendre la complexité du monde dans lequel nous vivons parce que c’est la condition pour le changer.

Etre libres c’est être et rester dérangeants, notamment quand il faut bousculer les situations et les ordres établis qui maintiennent et confortent les inégalités.

Notre société à besoin que les jeunes s’engagent : un engagement porteur de progrès, de solidarité et de justice sociale. Un engagement tenace et exigeant. Un engagement qui transforme le présent pour façonner l’avenir ! C’est ce que nous sommes déterminés à faire.

Dans notre fac, dans notre quartier, dans notre entreprise, nous nous engageons pour faire vivre dans les faits nos valeurs de liberté, de justice et de solidarité, nous nous engageons pour bâtir au présent le monde que nous voulons !

Septembre 2005

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